Le message des Béatitudes

Cliquez ici pour retourner sur le site ...

(Cahiers Évangile 24)

Mardi 2 novembre : Les béatitudes concernant les pauvres.

La pauvreté, c’est “être privé de“, “manquer de“… On peut être privé, manquer de beaucoup de choses. Dans notre mentalité européenne et passablement matérialiste, c’est en fait à l’argent que l’on pense. Or, les pauvretés sont multiples, affective, mentale, morale, pathologique (parfois héréditaire), relationnelle…

Le bonheur est un état purement subjectif. On se sent heureux ou malheureux comme on se sent joyeux ou triste. Cependant, dans la bouche de Jésus il devient collectif.

Le royaume des cieux (ou de Dieu), ce n’est pas un endroit géographique ni un espace défini. C’est un état dont l’Évangile nous dit en maints endroits que - récompense suprême - nous y seront heureux dans la joie et la paix ineffables de la présence de Dieu. Nous dit-il que cela ?

Dans l’Ancien Testament, les pauvres sont omniprésents dans l’alliance entre Dieu et son peuple. Quand, selon Matthieu, Jésus annonce au peuple d’Israël que le royaume de Dieu est proche et que la place des “pauvres en esprit“ y est prééminente, il se situe dans le droit fil des prophéties d’Isaïe et suscite une espérance quasi viscérale. “Heureux les pauvres“, des mots qui résonnaient comme la réalisation d’une espérance venue du fond des siècles au même titre que la libération de l’exil à Babylone.

Pour les lecteurs grecs de Luc, la pauvreté n’est pas perçue de la même manière. Ainsi, dans une culture foisonnante de recherches sur le sens de la vie, elle peut apparaître comme une vertu selon l’enseignement et le mode de vie de certains philosophes. Ainsi Diogène (qui ne vivait pas dans un tonneau, inventé 500 ans plus tard mais dans un silo hors d’usage) ne possédait qu’un bâton et une écuelle. Pauvreté voulue et absolue. Sa renommée fut telle que le roi Alexandre voulut le consulter mais fut accueilli par la célèbre apostrophe “Roi, ôte-toi de mon soleil !“. Le style de l’évangéliste s’en ressent.

La pauvreté est un mal (cf. encadré p.15)

Pour ceux qui la subissent, qui la vivent, c’est évident. Un mal d’autant plus grave qu’il engendre envie et jalousie, voire violence. Les chrétiens lui opposent la charité.

Néanmoins, la pauvreté peut être choisie, volontaire. François d’Assise, Vincent de Paul, Charles de Foucaud, mère Térésa : figures de proue mais combien d’autres, anonymes… sans compter la pauvreté qui n’a rien d’évangélique de Diogène.

 

Échec de 2000 ans de christianisme ? (cf. encadré p.18)

Un tantinet provocateur, ce titre. Pourtant “Liberté, Égalité, Fraternité“ sont issues de l’Évangile. Moulée dans le christianisme, notre société laïque est fondée sur des valeurs évangéliques. Le message évangélique n’a pas éradiqué la pauvreté mais il l’a tout de même fait reculer et la doctrine sociale de l’Église est sans équivoque à cet égard.

Or, à l’heure actuelle, si la pauvreté reste omniprésente elle semble même augmenter (plus de 14% selon les statistiques ?) et le message chrétien à l’état brut (« heureux êtes-vous ») n’est pas audible d’autant que, outre le manque d’argent, pèsent aussi le manque de liberté, d’affection, d’accueil, de justice, de paix, de santé, de dignité…

Relisons attentivement : les béatitudes sont dans l’ensemble énoncées au futur (hériteront, seront, recevront, verront ; serez, rirez) à l’exception notable de la première et de la dernière qui le sont au présent. En Matthieu comme en Luc, nous lisons à propos des pauvres : ils sont “heureux car à eux est le royaume des cieux“ puis “heureux car vôtre est le royaume de Dieu“. Est, au présent.

Dans notre vie, ces mots de l’Évangile nous disent, au présent, que le royaume de Dieu nous est accessible, maintenant, pour nous comme il l’a été pour tous les disciples de Jésus au cours des siècles. Est-ce à condition d’être pauvres, malades, isolés .. ?

Ne serait-ce pas plutôt à condition de savoir nous faire pauvres, pauvres en esprit, pauvres de cœur, pas seulement en faisant l’aumône mais aussi en donnant notre temps, en nous mettant au service de ceux qui sont dans le besoin, quitte à évacuer notre complexe de supériorité.  A l’image de ces bénévoles qui sillonnent les rues des villes dans les nuits d’ hiver pour se mette à genoux au pied des SDF, à l’exemple des visiteurs hospitaliers qui apaisent l’angoisse et la souffrance au chevet des malades,  ou encore de ceux qui travaillent avec les associations comme l’ASTI qui s’efforce de loger quatre familles de réfugiés dans le chalonnais, qui partagent avec les prisonniers leur pauvreté de liberté, ou tout simplement qui passent un moment à parler avec la personne qui tend sa sébile et qui quête la dignité…  

Se faire ainsi pauvre de cœur (ou en esprit) rend heureux car “ chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait“. Tous ces gestes, toutes ces actions qui se succèdent au fil des jours sont autant de pas qui nous rapprochent de Jésus. Pauvres pour Jésus, à côté de Jésus qui nous soutient, plus nous cheminons avec Lui, plus son royaume est proche, dès maintenant…

Voilà, devenir pauvre en esprit c’est se rapprocher de Dieu, devenir moins “pauvres de Dieu“.

Mardi 23 novembre : Cahier pp.19-23

Cliquez ici pour retourner sur le site ...